Il demeure en France aujourd’hui plusieurs stigmatisations autour du handicap. On a eu le plaisir d’accueillir Jeanne Vermeersch, responsable de la communication de La Ruche. Elle anima une table ronde autour du handicap avec Evelyne Cormier, Anne-Laure Baudrillart et Julie Pro les co-fondatrices de HASC ainsi que Pauline Arnaud-Blanchard et Laura Verlhac de H’UP entrepreneurs. Elles ont partagées sur les difficultés des personnes en situation d’handicap pour entreprendre. A La Ruche, on croit que toutes celles et ceux qui souhaitent entreprendre peuvent le faire, quelque soit leur origine, leur niveau social, leur lieu d’habitation et leur genre.
Cet article est une retranscription de leur passage, et vous avez la possibilité de suivre le replay vidéo avec le lien disponible en bas de l’article.
Est-ce que l’entrepreneuriat est la seule solution pour avoir un vrai revenu et un vrai emploi ?
L’entrepreneuriat est un vrai vecteur de dynamisme dans une vie professionnelle épanouissante pour les personnes avec un handicap. Cela peut être aussi vu comme une voie pérenne ou une voix de transition. Mais l’accès à l’entrepreneuriat est un vrai sujet d’égalité des chances. Il existe toujours des freins et des discriminations à ce propos. Une personne en situation d’handicap a beaucoup de difficultés pour faire des démarches administratives.
Ce n’est pas du tout la seule solution pour se lancer et avoir un salaire fixe. C’est vrai que l’entrepreneuriat a des avantages dans la manière de travailler. On peut se sentir à l’aise et avoir une grande liberté pour travailler chez soi. Cependant tout le monde n’a pas l’âme d’un entrepreneur. Être en situation d’handicap demande d’être spécialement accompagné. Il y a des politiques incitatives d’emplois qui permettent aux personnes en situation d’handicap d’accéder à un emploi salarié afin d’être mieux accompagnés mais ce n’est pas assez.
Entreprendre est compliqué et impossible pour une personne en situation d’handicap
Non, ce n’est pas impossible mais plutôt compliqué. Si on a la volonté de franchir le cap même avec les difficultés, on deviendra sans doute des entrepreneurs.
Sur ce propos Julie, qui a eu pleins d’expériences en entrepreneuriat malgré son handicap aussi que ce n’est pas impossible parce qu’il existe plus de 70 milles entrepreneurs handicapés en France. Donc cela montre que ce n’est pas impossible mais il y a certainement des difficultés à envisager. C’est pour ça qu’il y a des associations pour les aider.
75% des sociétés créées par les personnes en situation d’handicap survivent à la durée des 3 ans. Elles sont donc considérées comme pérennes. Pauline pense que les personnes en situation d’handicap sont résilientes avec leur situation. Elles s’adaptent avec tout et elles essayent toujours d’avancer, et c’est bien l’état d’esprit d’un entrepreneur.
Avant d’entreprendre il faut accepter son handicap
C’était compliqué pour Julie et Evelyne d’accepter leur handicap. Mais après réflexion, Julie trouve que cela lui a permis d’être là où elle en est maintenant. Elle était salariée, assistante de direction. Mais suite à son handicap, au fur et à mesure de son parcours elle est devenue entrepreneur.
Anne-Laure était aussi salariée dans une entreprise pendant 10 ans. Plus tard elle a découvert que ce n’était pas ce qu’elle voulait faire. Elle voulait plutôt un poste où elle serait en contact avec les clients. Sa manager lui a proposé de se lancer dans l’entrepreneuriat parce qu’elle était très à l’aise avec son handicap. Mais elle ne se rendait pas compte de ses capacités. Finalement, cette aventure lui a permis d’accepter encore plus son handicap. Avant d’entreprendre, elle n’acceptait pas de sortir avec une canne blanche. Mais depuis qu’elle est entrepreneure, elle est à l’aise avec la canne et elle se sent accepté.
Le challenge pour les entrepreneurs c’est d’arriver à concilier harmonieusement le handicap et les freins pour diriger une entreprise. C’est pour cela que Pauline fait appel au collectif pour permettre aux entrepreneurs d’échanger entre eux sur le challenge et l’impact de leur handicap sur leur activité. Elle fait également appel au coaching pour aider les personnes à avoir une bonne psychologie.
Un bon handicap est un handicap caché ? Pour réussir faut-il cacher son handicap ?
On peut croire que le mieux c’est de cacher son handicap. On peut le faire durant longtemps pensant que c’est un avantage, mais c’est l’effet inverse. Cela peut causer l’incompréhension des personnes avec lesquelles on travaille. On pourrait avoir une tâche impossible à gérer à cause de notre handicap. A ce moment, votre manager peut vous blâmer d’avoir caché votre handicap. Il faut en parler.
Anne-Laure, quand elle était jeune diplômée, n’avait pas du tout envie de mettre sur son CV qu’elle était en situation d’handicap, de peur qu’elle subisse des discriminations. Mais elle était obligée d’en parler durant les entretiens car son handicap nécessite un aménagement de poste. Si les recruteurs sont ouverts d’esprits et pensent qu’elle est compétente pour le poste qu’elle va avoir, ils vont aménager ce poste selon sa situation.
Il y a déjà des choses qui sont mises en place par l’Etat pour l’insertion professionnelle de ces personnes. Mais malgré ça, il reste d’autres lacunes.
Est-ce que l’État accompagne financièrement les entrepreneurs en situation d’handicap ?
Il existe plusieurs aides pour les personnes avec un handicap mais elles n’en ont pas bénéficié. Evelyne a indiqué qu’elles sont engagées par les valeurs qu’elles défendent. Elles ont choisi l’économie sociale et solidaire, parce que cela correspond à leurs propres valeurs. Elles ont créé une société à but lucratif pour pouvoir dégager un salaire correct. Ce n’est pas pour faire du misérabilisme afin d’avoir des financements de l’État. De plus, elles sont entrepreneures avant d’être en situation d’handicap. Il ne faudrait pas compter sur ces aides pour entreprendre. Toutefois elles sont les bienvenues même s’il y a des difficultés à les obtenir.
Voici le lien de la vidéo de leur passage.